Certaines questions sont fréquemment posées sur la maladie alcoolique. Nous nous proposons ici d'y répondre.
Toutefois chaque cas est différent; donc bien que ces réponses soient communément admises par les alcoologues,
il convient de les prendre sous réserve :
Mon conjoint boit démesurément. Que puis-je faire pour l'obliger à se soigner?
La réponse est malheureusement assez simple et directe: pas grand chose.
La démarche de soin ne peut fonctionner que si elle est voulue par
le malade lui-même.
Sa démarche doit être purement égoïste.
Il doit se soigner pour lui et non pour vous, pour son permis, un employeur,
un juge...
Toutefois vous pouvez l'aider à prendre la décision d'entrer
dans une démarche de soins. En l'entourant plutôt qu'en l'accablant.
Certes il ment, trahit ses promesses, vous pensez que ne pouvez plus lui faire
confiance. Mais il ne peut pas faire autrement: il est malade. Sa volonté
est annihilée.
Il a besoin d'aide.
S'il admet son problème d'alcool ce sera plus facile de lui faire comprendre
que vous comprenez sa souffrance. S'il refuse de reconnaître sa maladie
il faudra d'abord l'amener à en prendre conscience.
Dans les deux cas notre association peut vous aider. Voir la rubrique
"La Co-dépendance"
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J'ai cessé de boire depuis plusieurs années. Puis-je reprendre occasionnellement un petit verre dans certaines occasions?
L'abstinence doit être totale et définitive. Le corps garde l'alcool
en mémoire et notre petit labo intérieur sait reconnaître
l'alcool quand il le rencontre, Même à faible dose, Même
après des années.
Des études ont montré que 2
abstinents sur 1.000 étaient aptes à modérer leur consommation.
Vous faites sans doute partie des 998 autres. Ne prenez pas le risque de vous
tester.
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Mon médecin m'a prescrit des médicaments. J'ai envie de les arrêter, ça ne me fait strictement rien.
Si on enlève l'alcool (sevrage) les cellules ordinaires (autres que
les neurones) réclament leur dose d'alcool. Elles ont pris l'habitude
de s'assouplir sous l'effet de l'alcool, devenant ainsi poreuses et laissant
passer les infos entre elles. Privées d'alcool elles se durcissent
et réclament leur dose: c'est le manque. En cas de manque très
fort c'est l'épilepsie, voire le delirium...
Le sevrage passé, les cellules se ramollissent: ça va mieux
pour elles, mais pas pour le système neurotransmetteur. Elles gardent
en mémoire leur fonctionnement alcoolique: c'est pourquoi il ne faut
jamais "rallumer la chaudière": elles reprennent aussitôt
leur ancien fonctionnement (système de récompense).
Nos neurones sont des usines chimiques. Il y a dans leur circuit des émetteurs,
des récepteurs pour de nombreux produits neurotransmetteurs. Mais il
n'y a pas de récepteurs pour l'alcool (il y en a pour la nicotine par
exemple: elle se fixe vite, ce qui crée une dépendance très
rapide). Donc l'alcool ne sait pas trop où aller: il dérègle
la machine. Quand on enlève l'alcool il faut du temps pour que la machine
se répare: c'est plus long que le sevrage.
Au début la dopamine (neurotransmetteur excitant) domine: c'est l'enthousiasme
des premiers jours. On est invincible, ça durera toujours, etc...
Mais assez vite (ou moins vite) le GabA, neurotransmetteurs déprimants,
prennent le relai. Insidieusement l'enthousiasme descend. La déprime
gagne. Et là il y a danger.
Pour éviter ça il faut aider la sérotonine (neurotransmetteur
qui régule dopamine et GabA) à faire son boulot en attendant
que la machine soit réparée. C'est là qu'interviennent
certains médicaments : on est juste bien. Ni déprimé,
ni excité. On est tellement bien qu'on pense que le médicament
ne fait rien: c'est justement qu'il fonctionne. Donc ne pas arrêter
sans avis médical.
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Je n'ai pas trop envie d'aller dans une association. Je n'en vois pas l'utilité.
Bien sûr, il n'est pas indispensable d'entrer dans une association pour se
sortir de l'alcool. Toutefois il n'est pas facile de durer dans l'abstinence
si l'on reste seul. En effet on se trouve confronté à différents
problèmes: des passages à vide, des doutes, des questions aussi
que l'on se pose. On peut bien sûr en parler à des amis, au conjoint.
Leur oreille attentive est une aide. Mais s'ils ne sont pas passés
par le même chemin leur écoute n'est pas d'un grand secours.
Ils ne comprennent pas ce que vit le nouvel abstinent. Dans une association
il rencontrerait des personnes ayant parcouru son chemin en éclaireur.
Une association donne aussi des informations, organise des rencontres, des
temps d'écoute.
Pour choisir une association il faut se donner la peine d'aller voir. Ce n'est
pas toujours facile de faire le pas. On a peur de tomber sur quelqu'un qu'on
connaît par exemple. Si cela arrive c'est que ce quelqu'un a lui même
fait la démarche avant nous. Et que donc il s'abstiendra de juger!
Il existe de nombreuses associations ou mouvements d'anciens buveurs (MAB).
Chacune a son mode de fonctionnement. Il ne faut donc pas hésiter à
en voir plusieurs et s'arrêter dans celle où on se sent le mieux.
Les adresses sont disponibles dans les CCAA.
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Je suis décidé à me soigner mais je ne sais pas à qui m'adresser.
Y a plusieurs interlocuteurs possibles. On peut aller voir son médecin
généraliste. Celui-ci est plus ou moins féru d'alcoologie.
Et pourra donc vous aider en proportion.
Une autre approche est de contacter le CCAA le plus proche: Centre de Consultation
Ambulatoire en Alcoologie. Les CCAA sont des émanations de l'hôpital.
Au CCAA vous êtes accueilli par une infirmière qui établit
un premier bilan et ouvre un dossier. La prise en charge est totale. Penser
à apporter sa Carte Vitale. Un rendez-vous est pris avec un(e) alcoologue
et un(e) psychologue.
L'alcoologue pourra vous prescrire les aides médicamenteuses utiles
tandis que le psychologue saura vous écouter.
L'alcoologue pourra vous proposer un suivi ambulatoire, une semaine d'orientation,
ou des soins de plus longue durée: l'hospitalisation peut être
utile, mais elle n'est pas forcément nécessaire. Voir à
ce propos la page "La maladie"
Le psychologue vous accompagnera dans votre démarche et vous aidera à trouver la meilleure façon de vous en sortir.
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